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MAÎTRESSES « J’ai un amant », se disaient-elles...

Extraits de presse :


 

Un documentaire-vérité de Marie-France Collard

 

A quelques mois près, Marguerite Duras eût pu regarder « Maîtresses ». Et probablement l’aimer, tant les femmes y dévoilant leur vécu – tout en douceur/douleur – semblent sœurs des héroïnes d’ « India Song » ou de « Moderato cantabile ». A leur écoute, s’est mise Marie-France Collard, scénariste, réalisatrice et productrice de ces confidences au sous-titre des plus durassiens : « J’ai un amant » se disaient-elles… […] Si la morale ne trouve pas son compte dans ce double-jeu, « Maîtresses » ne fait pas non plus l’apologie du mensonge ou de l’infidélité, ni ne célèbre les éventuels piments de l’« aventure ». Pas davantage, les pathétiques interlocutrices de la discrète réalisatrice ne font le procès des hommes pour qui leur cœur perdit le nord. Et qui en payèrent le prix : celui d’attentes sans fin, d’hôtels à chambres sans charme, et de larmes versées dans la solitude du silence. […] Des maîtresses dont la sincérité, généralement dénuée de provocation […], ne pourra qu’émouvoir les spectateurs d’un documentaire réalisé avec une indiscutable honnêteté. Sincérité, honnêteté : mots-clés d’un reportage non voyeuriste, consacré à des femmes plus culpabilisées que transgressives, qui supplièrent un soir la vie d’ensoleiller le trop gris de leurs jours. Autant d’Emma Bovary qui ont d’abord attendu de leur amant qu’il les arrache à l’ennui – cette mort qui respire. Les en arrache, pour ne pas « s’éteindre » prématurément.

Francis Matthys In La Libre Belgique, 23/04/1996

 

Après avoir écrit « Trash » pour le théâtre, Marie-France Collard prend sa caméra et lève un tabou


Auteur de « Trash (a lonely prayer) », la bouleversante pièce créée par le Groupov en 1992 à l’Atelier Sainte-Anne, elle donnait déjà superbement la parole à cinq femmes pour qu’elles crient haut et fort les violents secrets d’une sexualité étouffée mais pour qu’elles libèrent aussi toute la répugnance que leur inspire un globe en complète perdition. Allant toujours à la rencontre des tabous, elle désirait cette fois faire appel à sa seconde arme, la caméra, et plonger dans le réel. […] s’attaquant à la transgression de l’interdit apparemment le plus banal pour une femme : prendre un amant. […] issues de milieux divers, elles ont toutes une parole émouvante sur leur histoire. Une histoire d’amour avant tout. […] Discrète, complice, la caméra de Marie-France Collard nous livre simplement l’histoire terriblement humaine de chacune de ces cinq femmes, porte-parole de toutes les autres. Intelligent, le documentaire ne ressemble en rien à l’une de ces émissions tapageuses. C’est un témoignage chamboulant sur une expérience de vie que toutes les femmes ou presque rencontrent. Tout sauf banal.

Christelle Prouvost In Le Soir, 23/04/1996

 

Dans l’inconscient collectif, les maîtresses sont forcément belles et vénéneuses. Soit elles volent le mari d’une autre, soit elles trompent le leur. Dans tous les cas, elles ont tort. Mais si elles sont souvent au centre de romans et de films, rarement elles ont la possibilité de s’exprimer. Le premier avantage du documentaire de Marie-France Collard est donc d’avoir donné la parole à cinq d’entre elles. Et l’on s’aperçoit que ces épouses de l’ombre sont loin d’être les garces et les femmes frivoles que l’on imagine. Mais ces femmes, que rien ne distingue d’autres femmes amoureuses, semblent être définitivement douées pour la patience, l’abnégation, le pardon. Avec une étonnante franchise, sans fausse pudeur et beaucoup de lucidité, elles nous livrent leurs histoires. Des histoires d’amour simples, touchantes et tristes parfois, qu’elles ont, semble-t-il, du plaisir à raconter. Comme si, pour une fois, cet amour fou qui les submerge était enfin reconnu !

E.P. In Figaro TV, 18/04/1996

 

[…] Et c’est là l’intérêt du film. Il montre, comme le dit elle-même Marie-France Collard, des « êtres profonds, en souffrance, en contradiction avec le caractère volage qui leur est attribué ». Ces femmes qui témoignent ne se reconnaissent donc pas, pour la plupart, dans le portrait qu’on fait communément d’elles. Ni frivoles, ni légères, encore moins amoureuses de l’amour, elles crient avant tout leur besoin fou d’être aimées, de ne plus être exclusivement vues comme la mère, voire la ménagère, de « redevenir cette adolescente qui aimait rire… Attente, transgression, passion : ces mots résonnent tout particulièrement en elles.

Martine Gayda In Le Ligueur, 17/04/1996

 

Il y a quelques mois, Marie-France Collard faisait paraître une petite annonce dans Le Soir, Flair et Marie-Claire Belgique. Peu anodine, elle demandait des candidates à une confession publique sur une situation vieille comme le monde, mais toujours entourée d’un épais manteau de gêne et d’hypocrisie : maîtresse. La réalisatrice reçut une centaine de réponses émanant de femmes de tous âges. Elle en a retenu cinq, dans la quarantaine […]. Elles se dévoilent avec une vérité qui force le respect, et plus encore la compréhension. […] Maîtresses va plus loin que les simples enquêtes répétitives des magazines féminins branchés. Ces portraits prennent un tour intime, touchant ; ils se gardent bien de moraliser à bon compte. […] Elles ont payé cash cette transgression. En petit coup de blues, ou en perdant tout le reste. […] Aucune ne regrette et elles seraient prêtes à tout recommencer.

Bernard Mees In Le Soir Illustré, 27/03/1996

 

En découvrant le documentaire de création de Marie-France Collard, on ne résiste pas à l’intégrer dans la famille de films qui nous sont chers (En avoir ou pas de Laetitia Masson, A la vie, à la mort de Robert Guediguian, Visiblement, je vous aime de Jean-Michel Carré) : des œuvres qui nous regardent vivre et qui traquent le réel pour mieux lui insuffler une part de grâce et de dignité. En abordant un tel sujet qui aurait pu facilement sombrer dans le déballage obscène et malsain d’une certaine télévision (Bas les masques de Mireille Dumas), Marie-France Collard a évité toute forme de voyeurisme et a davantage parié sur la pudeur et l’énergie de ces femmes qui revendiquent tout simplement leur droit au bonheur. Ainsi, dans Maîtresses, les protagonistes ne sont jamais enfermées dans un zoo humain où une caméra indiscrète viendrait grossir quelques détails scabreux. Dans le film, les personnages témoins ont leur chance. Avec la complicité d’une réalisatrice qui a le talent de la disponibilité et de l’écoute attentive, les femmes ont l’occasion de mettre en scène l’extrême sincérité de leur témoignage. Comme dans une œuvre de fiction (oserait-on la comparaison avec les histoires du quotidien de Paul Auster dans Smoke et Brooklyn Boogie), elles nous racontent des histoires bouleversantes qui concernent leur vie. Et finalement, nous avons l’impression qu’elles guident le film, lui donnent son rythme et ses couleurs.

Dany Habran In L’Inédit, mars 1996

 

Ce film condense une parole universelle, tout à la fois belle et douloureuse. Il veut faire advenir la parole des femmes sur la « troisième », la « maîtresse », un thème très rarement abordé dans le documentaire, guère plus dans le domaine théorique […]. Le film cristallise l’expérience (la parole) de cinq femmes où tout un chacun pourra retrouver des éléments de sa propre histoire. Cinq histoires d’amour, clandestines. Sans âge, car la passion n’a pas d’âge et s’accommode mal de contraintes. Cinq récits bouleversants où se raconte l’expérience de la passion au féminin, entière, corps et âme, prête aussi bien aux folies et à tant de sacrifices qu’à supporter les éternelles contradictions d’une pareille situation… […] Loin de faire de l’imagerie érotique, le film présente un fait de société et, à travers une parole individuelle lucide et courageuse, montre des êtres profonds, en souffrance, en contradiction avec le caractère volage qui leur est souvent attribué.

In Le Magazine du Nord-Pas-de-Calais