L'AXE DU MAL

Création de Seriallilith, au Théâtre de la Place à Liège en avril 2005

  
Extraits :
 
« L’Amérique est un pays libre ».
Cette idée est avalée avec le lait maternel.
« L’Amérique est un pays libre ».
Combien de fois une personne élevée aux Etats-Unis entend-elle ces mots avant qu’ils ne s’implantent confortablement, profondément dans son esprit, à la case des vérités « reçues » ?
« L’Amérique est un pays libre ».
Combien de gens dans le monde ont fait de cette idée un élément fondateur de leur propre histoire d’amour avec l’Amérique ?
« L’Amérique est un pays libre ».
Dans l’esprit de beaucoup d’Américains et de beaucoup d’étrangers, consciemment ou non, c’est ce qui confère aux Etats-Unis le droit moral de faire ce qu’ils font au reste du monde. »
William Blum, L’Etat voyou, 2001
 
Lesley Stahl (reporter T.V.), en parlant des sanctions contre l’Irak :“ On nous dit qu’un demi-million d’enfants sont morts. Je veux dire, c’est plus que le nombre d’enfants morts à Hiroshima. Et... et vous savez, est-ce que ça vaut ce prix-là ? ”
Madeleine Albright (alors ambassadrice des Nations Unies, puis nommée secrétaire d’Etat) : “Je pense que c’est un choix très difficile, mais le prix... Nous pensons que ça vaut ce prix-là.”
 Dans « 60 minutes », le 12 mai 1996
 
“ Seule la crainte rétablira le respect envers la États-Unis”.
James Woolsey, ancien directeur de la CIA, Washington Post, 27 décembre 2001
“ ALICE :
Vous ne croyez pas que je suis encore un peu petite pour comprendre tout ça ?
BARBIE/REINE DE COEUR:
Si tu vivais quelque part au milieu de l’Afrique ou en Asie, tu ne serais pas trop petite pour coudre des ballons pour Nike avec tes petits doigts agiles. Si tu vivais à Manille ou à Bali, tu ne serais pas trop petite pour tailler des pipes aux touristes allemands, italiens, américains, belges, japonais ou australiens. Si tu vivais à Madagascar, tu ne serais pas trop petite pour errer dans les rues à la recherche d’un déchet quelconque à avaler pour éviter de mourir. Si tu vivais à Kigali, tu ne serais pas trop petite pour porter le virus du sida. Si tu vivais à Sao Paulo, tu ne serais pas trop petite pour sniffer de la colle ou du Sassi.
Alors, dis-moi, pourquoi serais-tu trop petite pour essayer de comprendre pourquoi tu as le droit de te vautrer sur ce canapé, comprendre comment fonctionne le système qui engendre cette société et les nombreuses possibilités de vie qu’elle t’offre, quel que soit l’endroit que tu habites sur notre magnifique planète bleue ? ”
 
A travers l’histoire d’Alice, « grande petite fille » nourrie de club Dorothée et autres sous-mangas, gavée d’images chics et chocs, et que les nouvelles du monde ennuient par dessus tout, c’est la politique extérieure de la, désormais, unique superpuissance mondiale qui se raconte dans toute son arrogance, sa suffisance et ses comportements criminels. Acteurs, marionnettes naines et géantes, musique, chant, etc… seront mis au service de cette fable onirico-épique, parcours initiatique d’une jeune « serial-consommatrice », entre Mac Do et pizza surgelée, Alice au Pays des Horreurs, sans autre rêve que ceux qu’on achète par sms, édulcorés et brûlés par la société marchande dévorant cerveaux et lendemains qui chantent. « Buvez nos paroles comme vous buvez notre Coca-Cola ».
« Un autre monde » est-il encore possible ? Quel est celui que choisira Alice, enfant égarée dans ce troupeau aveugle ? Héroïne de sa propre destinée, chevauchant le futur, luttant contre un système vicié ou adolescente bouffie par l’ennui, vissée à son canapé ? Et nous ?
 
Texte, conception et mise en scène : Jeanne Dandoy / Interprétation : Frédéric Ghesquière, Nathanaël Harcq, Mathilde Lefèvre, Jean-Philippe Lejeune, Aline Mahaux et Jeanne Dandoy / Conseiller dramaturgique : Jacques Delcuvellerie / Création, confection et coach marionnettes : Laurent Steppé assisté de l’asbl Détruitu / Création son : Guillaume Istace / Spatialisation du son : Jean-Pierre Urbano / Création de la musique de la chanson : Garrett List / Création costumes : Patricia Eggerickx / Création maquillages : Dominique Brévers / Création et régie lumières : Manu Deck / Création vidéo : Jean-François Ravagnan / Direction technique et assistance scénographique : Fred Op de Beeck avec l’aide de Johan Daenen / Régie générale et plateau : Thierry Moors / Régie son : Pierre Dodinval / Régie vidéo : Guillermo Castillo Esquevel / Habillage : Sandra Brisy / Confection costumes : Myriam Simenon, Agnès Brouhon, Sandra Brisy / Chapeau : Jérome Lambert / Construction décor: Marie-Claire Dardenne, Alain Saint-Cricq, Didier Berens, Eddy Niejalik, Guy Van den Eyden / Equipe technique : Yannick Fontaine et Manu Savini
 
Une coproduction de Seriallilith asbl, du Théâtre de la Place et du Groupov, avec l’aide de Théâtre & Publics et le soutien de la Communauté Française de Belgique.
 
Remerciements à : Elise Sironval, Geoffrey Doffe, Fred Vannes, Willy Pâques et le Théâtre National, Françoise Fiocchi, Pierre Crispin, Pierre Istace, Philippe Taszman, Aurélie Molle, Fabrice Murgia, Vincent Hennebicq, Françoise bloch, Michèle Végairginsky, Naïma Triboulet, Abdellah Bellahbiad, Rosario Marmol Perez, Marie Venin, Christian Delfosse, Bret Easton Ellis.
 
Photos : Lou Hérion / Vidéo : Antonio Gomez Garcia