JE NE VEUX PLUS MANGER

Une création collective de Jeanne Dandoy, Vincent Hennebicq et Fabrice Murgia à la Manufacture/Scènes contemporaines (Off), du 19 au 27 juillet 2005

 
« Vincent et moi avons 20 ans, Jeanne 29, en Belgique, en 2004.
Le théâtre est pour nous une nécessité et un moyen. Vivre, explorer, transmettre.
 
Nous vivons bien dans un monde qui meurt non pas lentement, comme on nous le suggère trop souvent, mais à toute allure. Entre le désarroi, le sentiment de culpabilité et d’impuissance, et l’accablement devant une tâche trop imposante, reste l’impérieux besoin d’agir. Acteurs. C’est bien cela notre vocation et notre fonction. Acteurs sur une scène et acteurs d’un monde qui part à la dérive. Acteurs d’une réalité qui trop souvent nous échappe […].
Hurler – parler – chanter – dire – écrire – dessiner – calligraphier – hiéroglypher – filmer – témoigner de toutes nos forces pour nous opposer à la marche soit-disant naturelle du monde, à l’engloutissement des pays pauvres par les pays riches, au « phagocytage » des peuples affamés par les « lois du  marché », combler l’abîme qui nous sépare des réalités que nous refusons d’affronter concrètement, enfin poser les questions simples mais dérangeantes qu’on ose à peine s’adresser à soi-même, et accepter le fait qu’elles puissent recevoir un réponse satisfaisante pour ceux que notre pudeur nous empêche de nommer nos «frères-esclaves ». Accepter que cette réponse soit satisfaisante pour eux, mais chère à payer pour nous.
En effet, quel prix sommes-nous prêts à payer ? Sincèrement ? A quels privilèges sommes-nous prêts à renoncer, réellement ? […]
En changeant les codes traditionnels des spectacles, en impliquant directement, intimement le public à l’action menée sur scène, en brouillant habilement les frontières entre plateau et réalité, en empruntant des chemins de traverse, nous espérons aussi rendre au spectateur un statut qu’il laisse trop souvent au vestiaire […].
Réveiller la conscience individuelle et la responsabilité de chacun, faire de chaque spectateur un citoyen-acteur actif, tel est notre but. »
 
Deux jeunes, avides du Che et de Marilyn Manson, déversent leur haine et leur dégoût du monde en s’entourant d’armes à feu et de dynamite ; match de football entre les deux plus grosses fortunes du monde ; deux clowns singeant le capitalisme, s’amusent autour des grandes marques qui « colorent » nos supermarchés ; plus tard, l'épilogue laisse la place à d'autres questions. Est-ce la fin du spectacle ? Que trouve-t-on au-delà des mots et des images jetées çà et là ?
 
Une production d’Artara, avec le soutien de la Manufacture/Scènes contemporaines, du Groupov, de Théâtre & Publics, de l’Agence wallonne à l’exportation (AWEX), du Conservatoire Royal de Liège et de Liège Province Culture