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Carte d'identité

Extraits de presse :


Diogène Ntarindwa, le rire au-dessus du gouffre

C'est par la voix de son père, jugeant que lui seul peut porter la parole des siens, qu'est raconté le récit de Carte d'identité, spectacle autobiographique du fils, Diogène Ntarindwa. Le parcours d'un enfant tutsi né en exil au Burundi, qui, très tôt, s'est interrogé sur son statut de réfugié. Pendant une heure et demie, Diogène donne la parole aux siens, aux autres aussi, campant tour à tour un speaker de radio emphatique, deux historiens occidentaux qui ne valent pas tripette, un maître d'école passionné, un sergent instructeur zinzin.D'un souvenir décisif à une anecdote, il brosse l'histoire du Rwanda telle qu'il l'a apprise et découverte de ses propres yeux.

 

Lors du déclenchement des massacres, le jeune homme âgé de 17 ans s'engage dans la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR). Du génocide, le jeune soldat ne livrera que sa première impression, ce "paradoxe inouï" constaté, à l'aube, après des heures exténuantes de marche en file indienne et en silence : "Que font ces corps mutilés sur ces belles collines ?" Et cette antienne de survie : "Il faut en rire car si tu en pleurais, tu mourrais."

 

Des amis morts dont il ne reste qu'un pied dans une bottine, de ces cadavres manifestement lapidés, de cette "vision d'apocalypse", Diogène n'en dira pas plus. Sinon que des condisciples de son école de Bujumbura fondée par les Rwandais, partis s'enrôler en 1994, la moitié a perdu la vie dans les combats. Après quoi surgit un unijambiste.

 

Dans un halo spectral accentuant la fixité de son regard, il arrangue le narrateur. Journalistes et romanciers ont été dans les prisons recueillir les témoignages des génocidaires, dit-il, puis dans les orphelinats entendre la parole des victimes. Eux, les soldats blessés, ont été négligés. "Si tu veux parler de nous, parle au moins de ces yeux. Ils en ont vu des choses. Ne les oublie jamais, jamais, jamais..."

 

FRAGMENTS DE MEMOIRE

 

Mémoire, exil, identité, Diogène Ntarindwa s'inscrit dans cette triple thématique à travers une galerie de portraits cousant ensemble des fragments de mémoire familiale et des pans de l'histoire de son pays d'origine. Le talentueux comédien a écrit ce spectacle pétri d'énergie lors de sa dernière année au conservatoire d'art dramatique de Liège. Il l'a présenté cet été au Festival d'Avignon avant ces cinq représentations dans le cadre du Festival Sautes d'humour de la Villette. Avec Carte d'identité, il a su trouver l'équilibre du funambule au-dessus du gouffre, ce rire salvateur qui se conjugue au silence laissé à l'émotion de l'indicible.

Macha Séry, In Le Monde, 12/08/2009 

 

 

Un témoignage qui n'est ni celui d'une victime du génocide, ni celui d'un bourreau ou d'un héros, connu ou anonyme, mais celui d'un simple jeune Tutsi (...). Avec une virtuosité, une plastique surprenante, il campe tous les personnages. Passe du père au voisin, de l'historien colonisateur, du soldat au danseur. (...) Le spectateur est fasciné par cette mue rapide. (...) Un seul angle de l'histoire nous est livré mais il a le mérite d'être pratiquement inédit.

Colette Braeckman