Présentation | Générique | Presse | A propos | Photos | Bibliographie

L'axe du Mal

Extraits de presse :


 

Alice au pays des horreurs

 

Scènes

 

Marie Liégeois

 

Publié le 14-04-05 à 00h00  - La Libre

 

 

Alice. Côté pile, une innocente fillette plongée dans le Pays des Merveilles de Lewis Caroll. Côté face, une pré-adolescente teigneuse, gavée de pop-corn, de spots télévisés et de refrains édulcorés. Jusqu'au jour où, bien enfoncée dans son canapé, la belle (fraîche et claire Aline Mahaux) reçoit la visite d'une curieuse troupe. Son chat chéri (nonchalant et chaloupé Frédéric Ghesquière), un lapin jouette un peu pressé (vif et tendre Nathanaël Harcq), une Barbie reine de coeur (souveraine Mathilde Lefèvre) ainsi qu'un chapelier bavard et bouffon (précis et comique Jean-Philippe Lejeune) se pointent avec pour mission d'ouvrir les yeux d'Alice sur le Pays des Horreurs... et des hamburgers.

 

Sur fond de citations, de discours et d'extraits télévisés, de bandes-son et de paroles de chansons, défile alors un condensé des Etats-Unis dans ce qu'ils ont de plus écoeurant: arrogance, consommation, domination politique, économique et culturelle. En quelques chapitres orientés, à coup «d'histoires de l'Oncle Sam» répétées, Alice perd son innocence, son enfance et son sang. Conscientisée et pubère, chrysalide devenue chenille puis papillon - ces bestioles tournoient autour d'Alice dans une danse angoissante -, elle passe de l'autre côté du miroir, laissant là les multiples écrans qui la trompaient sur la réalité.

 

 

Densité et longueurs

 

 

Le rideau tombe, la seconde partie débute. Aussi fouillée dans sa mise en scène que la précédente. Aussi dense et longue dans ses développements sur la politique du pays de Georges W. Bush. A défaut de suivre au mot les multiples déclarations d'autorités américaines - édifiantes, certes -, rapports de la CIA ou tentatives de contre-pouvoir, le public profite avec plaisir de la mise en scène forte de Jeanne Dandoy, par ailleurs conteuse off à la voix pure, installée dans le public. Se délecte des effets spéciaux jamais exagérés. Suit des yeux les multiples détails scéniques. Se régale des marionnettes plus vraies que nature (fameux King Kong!), créations uniques de Laurent Steppé. Joue à observer le «déshabillage», dans tous les sens du terme, des personnages qui, de purs héros imaginés (re) deviennent eux-mêmes, êtres de chair dénués de costume, masque, perruque et grimage, réunis en un discours pour la paix lors de la scène finale.

 

Il y a beaucoup à voir, à entendre, à rire et à réfléchir dans cet «Axe du mal». Comme il y a souvent à boire et à manger dans l'anti-américanisme.