Groupov asbl, Centre Expérimental de Culture Active
Un Uomo di Meno
Ecriture et mise en scène
Jacques Delcuvellerie

Au Théâtre National,
du 18 au 29 mars

Réservations au 02 203 53 03

Durée du spectacle : +/- 7h.


Assistanat général Alfredo Cañavate | Second assistant Jérôme de Falloise | Scénographie Johan Daenen, assisté de Johanna Daenen | Création lumières Marc Defrise | Création costumes Greta Goiris, assistée de Lies Maréchal | Création maquillages et effets spéciaux Zaza da Fonseca | Compositions musicales et environnement sonore Jean-Pierre Urbano | Assistant son Jeison Padro Rojas | Direction technique Fred Op De Beeck, assisté d'Edith Bertholet | Stagiaire décoration Stéphanie Denoiseux | Dramaturgie, vidéo, images Marie-France Collard | Documentaliste Jérôme Laffont | Interprétation Alfredo Cañavate, Laurent Caron, Jacques Delcuvellerie, Jérôme de Falloise, Jean Fürst, Valentine Gérard, Sofie Kokaj, Francine Landrain, Mathilde Lefèvre, Anthony Thibault et Alexandre Trocki | Répétiteur chants Alberto Di Lena | Accessoiriste Anne Marcq | Régie costume Carine Donnay | Accessoires costumes Marie Guillon le Masne | Maquillage Valentine Delbey | Stagiaire mise en scène et dramaturgie Anthony Thibault | Production et administration Sophie Coppens, Françoise Fiocchi, Aurélie Molle, Philippe Taszman et Carole Urbano | Stagiaire Laurine Braipson

Une coproduction du Groupov, du Théâtre National de la Communauté française et du Théâtre de la Place (Liège). Avec le soutien du Ministère de la Région wallonne, de la Province de Liège et de Théâtre & Publics.


Cinq mouvements pour un voyage

En répétition au Théâtre National depuis la mi-janvier, l’équipe de création d’Un Uomo di Meno (Un homme de moins) est en immersion complète ces jours-ci. Elle vit nuit et jour au théâtre. Petites logettes et grande table d’hôte carrée installées sur le plateau de la grande salle : c’est là que se retrouvent metteur en scène, comédiens, compositeur, créateurs lumières, costumes et maquillages. Le chantier progresse. Vendredi dernier, un premier filage a mené les acteurs aux confins de la nuit en cinq mouvements.

Il est apparu assez tardivement dans l’écriture d’Un Uomo di Meno, sans définition ni dessein a priori, que les cinq mouvements avaient chacun une teinte référentielle d’un grand genre ou forme artistique. Liturgie, roman, cinéma, théâtre pur et peinture viennent ainsi colorer cinq parties qui restent néanmoins fondamentalement théâtrales.



Premier mouvement, Ici/Maintenant, une liturgie blasphématoire et politique

Un certain Jack Delui, au seuil de la mort, se questionne sur la sienne et celles de ses semblables. L’homme occidental, diminué par la société marchande, refuse obstinément une réalité inéluctable : sa propre mort. La mort est devenue un phénomène obscène, caché et en même temps quelconque. Nous ne nous mourrons plus à la maison mais bien à l’hôpital, loin du regard des enfants. Nous incinérons nos défunts, plus de tombe à fleurir. Les morts disparaissent de notre géographie. Sans le regretter (pensons à l’aliénation de porter le deuil pendant des années ou à la question du salut), Jacques, pour évoquer la question de la mort, s’est tourné vers le mode liturgique, les formes d’expression contemporaines liées à cette condition essentielle de notre existence, mourir, étant devenues très pauvres. Si vous voulez trouver quelque chose de riche, avec quoi vous n’êtes plus d’accord sur le fonds idéologique mais qui a au moins une certaine profondeur, vous êtes obligés de vous retourner vers des liturgies.

Liturgie autour de la question de la disparition de Jack Delui, le premier mouvement voit se côtoyer Miserere, Libera me, prière musulmane mais aussi une play-mate Play Boy des années 50 et Pasolini, hérétique communiste et religieux. Une liturgie, respectueuse des formes artistiques qu’elle nous a léguées, mais également blasphématoire et politique.



Deuxième mouvement, La malédiction des fils, une tentative de lucidité

A la liturgie, succède le roman ou le dévoilement plus intime de la vie de Jack Delui. Koniec mis à part, les familiers des créations du Groupov pourront s’étonner de cette biographie plus personnelle. Quand on a l’impression que c’est bientôt fini, on s’octroie peut-être le droit d’en parler un peu plus et d’oser parler de son existence. Cela tient par ailleurs également au théâtre et au lien qu’il entretient avec la vie nous précise Jacques. Bien que réticent à garder ces aspects singuliers et narratifs, il est en discussion constante avec l’équipe pour n’évoquer ou ne donner à deviner que les éléments qui lient le singulier au général, le particulier à l’historique.

Cette évocation permet, au fond, de mesurer la différence entre hier et aujourd’hui. Qu’avons-nous perdu en route ? Sans exclure l’auto-dérision qui met en lumière les errances à 30, 40, 50 ans de distance. Jack Delui, incarné à la fois par Alexandre Trocki et Jacques lui-même, voit ainsi ses propres contradictions, défauts, faiblesses ou complaisances mises à jour dans une tentative de lucidité…

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