Fare Thee Well Tovaritch Homo Sapiens
Après Rwanda 94 et Anathème, le Groupov s’est engagé dans une nouvelle aventure, en gestation de longue date : Fare Thee Well Tovaritch Homo Sapiens (Adieu Camarade Homo Sapiens). Jacques Delcuvellerie n’hésite pas à la qualifier d’œuvre ultime. La destruction ou la mutation radicale prochaine de notre espèce en est le propos.
Ce projet s’expose sous la forme d’une tétralogie. Elle associe différents artistes de diverses disciplines et générations, dans une entreprise aux limites de la représentation : une suite d’expériences et de créations à la fois biographiques, réalistes, documentaires et passionnément romantiques. Quatre spectacles distincts, autonomes et complémentaires sont en chantier :
- Un Uomo Di Meno (Un Homme de Moins)
- Mary Mother of Frankenstein
porté par Marie-France Collard et Claude Schmitz – Du 18 au 22 mai 2010. Au Théâtre National dans le cadre du KunstenFESTIVALdesArts
- Le 3ème volet, porté par Jacques Delcuvellerie, Anne Tismer et Marie-France Collard (images) sera programmé au Théâtre National durant la saison 2010/2011
- Le 4ème volet, porté par
Armel Roussel, Vincent Minne et Garrett List (compositions musicales) sera programmé durant la saison 2011/2012
Un Uomo di Meno
L’œuvre emprunte la forme d’une biographie. Celle d’un homme né à la fin de la 2ème guerre mondiale et agonisant dans le début du 21ème siècle. Le titre est à entendre à deux niveaux : un homme, un être singulier va mourir ; une espèce d’homme, l’Homo Sapiens pourrait muter ou s’anéantir.
Cette "biographie", réaliste et rêvée, extrêmement personnalisée, et en même temps projection collective, ne veut pas seulement être l’occasion de rendre vie aux bouleversements de ces décennies au prisme d’une vie particulière, mais évoquer concrètement, dans l’ordre de la sensibilité sensorielle, les changements qu’ils ont entraîné.
Un homme âgé, Pasolini jeune, une femme très âgée, une pin-up des années cinquante, des gens plus jeunes, des fantômes, la radio, des parfums, un contre-ténor baroque, un banjo cinq cordes, du pain chaud, du riz, des photos de famille entre 3 guerres, des voix (de St John Perse à Bob Dylan), … Il ne s’agit pas ici de l’évocation nostalgique ou exaltée d’une tranche historique mais de mesurer l’écart vertigineux entre l’avenir que l’humanité aurait pu s’inventer dans ces circonstances et celui qu’elle se prépare effectivement.
Pour porter ce projet singulier, Jacques Delcuvellerie a invité l’équipe de création à vivre nuit et jour sur le plateau et convie le public à expérimenter une forme exceptionnelle tant par l’engagement qu’y prennent les comédiens que par sa durée. Aux confins de la nuit, les spectateurs partageront, à leur guise, une veillée en compagnie du Groupov.
Cinq mouvements composent le spectacle. Nous les évoquerons dans nos prochaines brèves.