Il ne voulait pas dire qu'il voulait le savoir malgré tout
A propos :
Quelques aspects importants du fonctionnement du spectalce IL NE VOULAIT PAS DIRE QU'IL VOULAIT LE SAVOIR MALGRE TOUT :
1/ Le spectacle qui rencontrait de front l'impossibilité et, en même temps, la nostalgie des discours dramaturgiques totalisants, aboutissait à la fois à une mise en doute des frontières de la réprésentation et à un émiettement des théâtralités. Le principe de fonctionnement du travail, et sans doute, du plaisir qu'il pouvait procurer résidait précisément dans cette transcontextualité permanente des univers dramatiques. Nous pensons ici aux glissements des contextes de compréhension de ce qui était montré, par exemple : un corps anatomique (impudique) devient un corps d'acteur, d'abord "réaliste", puis lyrique, parfois figuratif, parfois abstrait, ou encore l'appartition d'un "laïc" dans l'espace devenu "sacré", etc...
La question permanente du statut de ce que nous voyons, perturbe, inquiète et peut-être sourdement, augmente le magnétisme des présences, la force de ce qui a lieu au moment même.
2/ La présence et la représentation du corps occupait une grande place dans ce spectacle. Le corps continue d'être un enjeu essentiel au théâtre, pourtant aujourd'hui il est plus que jamais instrumental. Le nu banalisé devient ornemental ou psychologique ("j'ai accepté parce que la situation de mon personnage l'impose").
Dans les années 60, nous avons connu l'exposition du corps investi de toutes les espérances libératrices (Living Theatre) ou transfiguré par l'exigence métaphysique (Artaud-Grotowski).
A l'opposé de celle-ci, notre démarche aboutissait à une affirmation de singularité des corps excluant toute position totalisante à son égard. Dans cette présentation, s'exposaient perversement mêlées et/ou disjointes la question du corps représentant/représenté et celle du corps-vécu, ainsi que notre sentiment actuel sur les promesses excessives des discours "libérateurs".
Nous avons essayé une lourde réaffirmation du corps, du contentieux qui y reste attaché ; en même temps : désinvesti des pouvoirs magiques de la médiation sacrée ou politique.
3/ Un dernier mot sur le ton général d'une telle entreprise. Le fractionnement des chances d'intelligibilité uniforme fait se rencontrer le grotesque et l'élégant, le drôle et les larmes, la feinte et l'aveu, etc...En dépit de l'énorme investissement comportemental que cela implique, on est surpris à l'arrivée de ne rencontrer ni maîtrise, ni synthèse mais l'ouverture la plus risquée - non conclusive.
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